Pensée privée et communication sociale
Résumé
Le fonctionnement cognitif d'un individu et le fonctionnement de la communication sociale sont deux phénomènes soumis à des contraintes assez différentes. Il n'est donc pas évident d'imaginer un parallélisme étroit entre ces deux processus. Pourtant la question de la parenté entre la pensée et le langage a été maintes fois abordée : pensons-nous avec des mots, la pensée est-elle un langage intériorisé, le langage précède-t-il la pensée chez l'enfant, etc. ? Je propose aussi d'aborder cette question, mais sous un angle original. La caractéristique du langage qui est retenue ici n'est pas la faculté d'agencer des mots pour produire des phrases qui évoquent une signification. Si l'on regarde le langage au niveau pragmatique, en retenant seulement de la faculté langagière le fait qu'elle permet d'enchaîner des arguments pertinents, alors force est de constater, dans le détail, une forte similitude entre le déroulement du flux de la pensée et celui de la communication sociale par excellence : la conversation. En d'autres termes, je suggère que l'enchaînement des pensées obéit aux contraintes de pertinence. Si l'on accepte de considérer une telle hypothèse, alors on doit envisager la possibilité que la structure de la pensée privée, constitutive de l'intelligence des individus humains, soit phylogénétiquement une conséquence des exigences de la communication sociale.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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